Chapitre V : Réglement de compte
Les habitants de la capitale s’écartèrent devant
Uskus et Ertgurd. Leurs montures étaient de solides chevaux dévianiens. Uskus
doté d’une armure cloutée, d’un arc long et de quelques flèches ainsi que d'une
besace vide et Ertgurd bien mieux équipé, une armure grossière protégeait la
totalité de son corps et muni en outre d’une immense hache faisaient taire les
passants. Leur passage fut d'autant plus remarqué qu'il était accompagné de
joutes verbales pour le moins singulières, chacun tentant de faire taire l'autre:
- Heureusement que le roi nous a fourni ces
chevaux nain, vu la taille de tes jambes je suis sûr que nous ne serions jamais
arrivés à destination.
- Allons bon, ces jambes sont parfaites pour
botter le derrière des elfes.
- A condition bien sûr de pouvoir les approcher,
ce qui, pour quelqu'un d'aussi peu agile, semble peu aisé.
- Et bien je te montrerai alors qu'une hache bien
lancée vaut mieux que ton ridicule arc de bois.
- Mon ridicule arc de bois aura tôt fait de te
faire avaler ta barbe poussiéreuse.
- Quoi ?!? Cette barbe est dans un état
impeccable. Nettoyée et lustrée tous les jours.
-Impeccable... oui sans doutes, pour un nain.
Le
nain grogna :
- Tu oses insulter la race des nains, je vais
te...
Ertgurd interrompit sa réplique, deux solides
gaillards leur barraient le passage. L'un d'eux prit la parole :
- Bonjour messieurs beau temps n'est-ce pas ? je
me présente Oldarn Warzen Schenegger, garde d'élite du royaume de Dévianie et
triple vainqueur du grand tournoi de démolition de pierre à mains nues, puis-je
vous demander où vous comptez aller avec les chevaux du roi?
Le deuxième continua :
- Sylvone Stallester, vice champion toutes
catégories de duels à armes lourdes, veuillez répondre à mon ami, il n'est pas
très patient.
Sans se laisser impressionner, Uskus intervint
d'un air supérieur :
- Je suis le prince Joseph, puis désignant Ertgurd
d'un mouvement lent du bras, et voici la princesse Ertgurda, veuillez nous
laisser passer.
Tandis que les gardes se concertaient pour choisir
lequel des deux aurait le plaisir de couper Uskus en trois, Erturd répliqua :
- Voyons, ne le prenez pas mal, nous sommes
envoyés par le roi en personne, voici d'ailleurs notre laissez-passer.
Après avoir vérifié que tout était en règle, les
deux gardes, déçus, laissèrent passer les deux voyageurs.
- Mais tu ne m'avais pas dit que nous avions un
laissez-passer, lança Uskus.
- Bien sûr, tu ne me l'as pas demandé non plus,
répondit le nain, un sourire aux lèvres.
- Pfff, bon, nous voici hors de la ville, restons
prudents... Ertgurda, s'esclaffa l'elfe.
Et c'est dans une bonne ambiance que les deux
aventuriers poursuivirent leur chemin.
- Voici la forêt de Saonydd, soyons vigilants, de
nombreux brigands occupent ces bois, conseilla Uskus.
- Je n'aime pas les arbres, grogna le nain, par
contre pour ce qui est des brigands, je me ferais un plaisir d'en occire un ou
deux, je commence à m'ennuyer.
Il leur fallut attendre toutefois quelques mètres
pour qu'un groupe d’individus armés surgisse des broussailles. L'un d'eux salua
les aventuriers puis s'adressa à eux tandis que trois archers les menaçaient :
-Bonjour nobles voyageurs, je me présente à vous,
Telaron, dangereux brigand à mes heures. Je vous prierais de bien vouloir
descendre de vos destriers, en veillant à ne point faire de gestes brusques.
Mes compagnons de fortune qui ont, en ce moment même, pointé leur arc sur vous
sont très nerveux. Je vous serais donc gré de me donner vos biens ainsi que
tout votre or ou je donn... Telaron n'eut pas le temps de terminer sa phrase
qu'une hache gigantesque vint détacher la partie haute de sa tête de la partie
basse avant de se planter dans un arbre. Les archers restèrent bouche bée,
regardant le corps de leur chef semi-décapité étendu au sol, le sang s’écoulant
le long de leurs pieds. Il ne fallu pas plus longtemps à Uskus pour attraper
son arc d'une main, y encocher une flèche de l'autre, et toucher l'un des
tireurs dans l'oeil droit. Celui-ci hurla de douleur, lachant ses armes afin de
tenter de retirer le trait, Mais sans succès il perdit connaissance rapidement
et s’étala également sur le sol. Pendant ce temps, les deux archers restants
reprirent leurs esprits et visèrent Ertgurd qui esquiva la première flèche et
prit la deuxième dans l'armure. L'elfe, entre-temps, en saisi deux dans son
carquois et calma les deux archers d'un coup. Alors que les autres brigands
foncèrent vers Uskus et Ertgurd, ce dernier descendit de son cheval ou plutôt
s’écroula de son cheval. Il dégaina son épée courte et attaqua à son tour,
occupant ainsi tous les brigands et laissant à Uskus le temps de viser chacun
d'eux à son aise. Lorsque tous les bandits furent cloués au sol, Uskus récupéra
ses flèches, Ertgurd sa hache.
- Alors que dis-tu de mon lancer de hache? demanda
le nain en ôtant les restes de Telaron encore collés au métal.
- Mouais pas mal, un peu sale et pas très précis,
contrairement à l'arc, répondit l'archer.
- Cet arc ne t'aurait servi à rien sans mon coup
de hache!
- Voyons plutôt voir ce que l'on peut trouver sur
ces vils scélérats.
Uskus fouilla les corps trouva une bonne corde,
une gourde de vin et une d'eau ainsi que quelques restes de gibier. Il fourra
ces objets dans sa besace. Décidant d’en profiter, Uskus et Ertgurd mangèrent
le repas des brigands, les deux voyageurs continuèrent leur route après une
bonne sieste.
- Melwindie! s'écria Uskus. Pays de la verdure,
des animaux sauvages, des humains et des elfes des bois.
- Oh non encore des elfes !
Après quelque temps, les deux compagnons de route
arrivèrent aux portes d'une grande ville dont la large herse de métal était
fermée. A l'approche des deux individus, un son de corne se fit entendre et un
garde-elfe passa la tête par les créneaux de la tour. Quelques seconde après,
une centaine d'archers avaient pris position au sommet du mur d'enceinte.
- Que venez-vous faire ici bandits ? S'écria le
garde, retournez d'où vous venez si vous ne voulez pas mourir aujourd'hui.
- Nous sommes de simples voyageurs et nous
voudrions demander l'hospitalité pour la nuit, rétorqua Ertgurd.
- Allons bon, rien que ça, malheureusement pour
vous, je n'aime pas beaucoup les nabots de votre espèce, lança le garde au
nain, je vous trouve bien imprudents de venir nous narguer ici, tant pis pour
vous. Le garde leva la main et fit signe à un archer. Ce dernier lâcha la
flèche meurtrière qui fila à une vitesse fulgurante en direction d'Ertgurd.
Mais celle-ci fut brisée en deux, en plein vol, par une autre. Uskus se tenait
debout, l'arc en main. A peine le garde eût-il pu comprendre ce qu'il venait de
se passer qu’Uskus avait déjà bandé son arc dans sa direction avec une nouvelle
encochée.
- Doucement, je n'aimerais pas devoir tuer un
frère elfe. Demande à tes archers de ranger leurs armes, je t'assure que nous
ne vous voulons pas de mal.
Le garde, impressionné par le tir de Uskus
s'exclama :
- Je vois que vous ne faites pas partie de ces
brigands de Dévianie, jamais ils ne pourraient tirer de la sorte. Qui êtes-vous
et que venez-vous faire ?
- Je vous l'ai dit, nous sommes des voyageurs et
vous demandons l'hospitalité pour la nuit.
- Et bien soit, entrez, mais je vous averti qu'au
moindre problème, je vous ferez regre...
- ÇA SUFFIT TREITH !!! Un homme de petite stature
mais au visage très sévère se tenait à la porte de la ville. Vous manquez à
toutes les règles de bienséance envers nos hôtes. Puis, s'adressant à Uskus, Je
suis Unólas, le seigneur de cette ville, veuillez pardonner Treith, c'est un
bon soldat mais nous sommes un peu sur les nerfs depuis que Telaron et ses
hommes, des bandits de Dévianie, viennent voler les habitants en pleine nuit.
- Telaron, ce nom me rappelle quelque chose, dit
Ertgurd.
- Et bien, votre mémoire n’est pas à la hauteur de
votre taille crânienne, Ertgurd.
- C’est pour agir et réfléchir plus vite que ceux
qui se souviennent…
- C'est le chef de ces hommes qui ont voulu nous
voler, répondit Uskus.
- Ah oui, s'écria le nain le sourire aux lèvres,
il doit faire la tête en ce moment.
- Il y a de fortes chance en effet, bien que je
doute qu'il s'entête à présent à voler davantage.
Unólas suivait la conversation sans rien y
comprendre.
- Mais enfin, qu'est-ce que vous racontez ? Vous
connaissez Telaron ?
- Sa tête me dit quelque chose en effet pouffa
Ertgurd.
Uskus raconta l'histoire.
- Si vous dites vrai, nous vous devons une fière
chandelle, ces hommes étaient trop rapides et organisés pour que nous puissions
mettre un terme à leurs agissements. Le seigneur Unólas ajouta :
rejoignez-moi au château, j'aimerais vous parler. En attendant, vous pouvez
vous installer à l'auberge de l'Ours Noir, vous y serez très bien accueillis.
Uskus et Ertgurd marchaient dans les rues de la
ville, le nain grogna :
- Au fait, merci pour la flèche ... même si
j'aurais pu l'éviter, c'était aimable de ta part.
- Ne me remercie pas Ertgurd, si j'ai fait cela,
c'est uniquement parce que j'ai besoin de ton aide pour cette fameuse alliance
répondit aussitôt l'elfe.
- Je n'en doute pas Uskus. Allons voir ce que
Unólas a à nous dire.
En arrivant au château de la ville, les deux
voyageurs furent rejoints par Treith.
- Ah vous voilà vous deux, s'écria-t-il,
dépêchez-vous le seigneur vous attend. Je vais vous conduire à lui.
Quand ils arrivèrent dans la salle d'audience du
château, le seigneur fit sortir les gardes, à l'exception de Treith. Puis il
s'adressa à Uskus et Ertgurd.
- Bien si je vous ai fait venir, c'est parce que
j'ai un service à vous demander. Voyez-vous, depuis des siècles, le seigneur de
chaque ville de Melwindie reçoit un sceau royal, symbole de son pouvoir et de
son autorité sur le peuple. Sans ce seau, le seigneur perd son statut et ses
droits. Or, il y a quelques
semaines, des hommes de Telaron sont entrés dans la ville, ont pénétré dans le
château et ont subtilisé mon seau. Vous imaginez dans quelle situation je me
trouve, je ne peux envoyer de soldats le récupérer aux mains des ces vauriens
car sans lui, je n'ai plus le droit de commander ces hommes. Il n'y a que
Treith qui soit au courant, mais il est loyal et continue de me servir malgré
tout. Le service que j'ai à vous demander n'est autre que de retrouver ce seau
pour moi. D'après ce que vous m'avez dit, vous avez tué Telaron mais il reste
sans doutes quelques dizaines d'hommes à lui dans la forêt. Trouvez ces hommes
et rapportez-moi mon seau. Je vous en serai très reconnaissant, et je saurai
vous récompenser. Qu'en dites-vous ?
- Et bien ma foi, répondit Uskus, cela me semble
possible mais n'oubliez pas que ces hommes sont très forts et très difficiles à
repérer, aussi j'espère que la récompense sera à la mesure du danger.
- Je puis vous l'assurer Elfe des montagnes, je
puis vous l'assurer.
- Et bien allons-y alors, cria Ertgurd, ne faisons
pas attendre ces dangereux bandits.
- Tu as raison Ertgurd, il va faire nuit, et nous
auront l'avantage de la surprise. Allons-y tout de suite.
L'elfe et le nain entrèrent pour la deuxième fois
dans la forêt de Saonydd. La
noirceur de la nuit couvrait leurs mouvements, les bruits de Ertgurd couvraient
ceux de Uskus.
- Comment comptes-tu les trouver Uskus ? Demanda
Ertgurd.
- Ne t'inquiète pas, avec le bruit que tu fais, ce
sont eux qui nous trouveront, mais ce n'est pas plus mal, il faudra juste faire
preuve d'adresse.
Soudain, un cri retentit :
- Au secours !
Ertgurd murmura :
- Allons bon, c'est un piège, pour qui nous
prennent-ils ces cagouilles?
- En effet, cela me semble évident. Ertgurd, tu
penses à la même chose que moi?
- Et comment, montrons-leur qu'ils ne nous font
pas peur.
Caché dans les broussailles, un groupe de bandits
guettait, écoutant chaque craquement de branche, chaque bruit de feuillage
frôlé. Embusqués dans leurs arbres, ils attendaient que les voyageurs
imprudents tombent dans leur piège qui se refermerait tel une mâchoire sur une
malheureuse proie attendant la mort et sa délivrance. Mais au lieu de cela, il
ne virent qu'un nain chantonnant des airs de nains. L'un des bandit hurla :
- Rends-toi Nain, tu es seul et tu ne peux rien
faire.
- Oh non un piège, ben zut alors, dit Etrurgd d'un
air pas très convaincant.
- Tu es fait comme un rat que tu es, où est
l’elfe?
Debout, tel un fier chevalier, tenant son arc
bandé, Uskus appela les brigands d'une grosse voix.
- Me voilà vils scélérats, je viens au nom du
seigneur Unólas, vous faire passer de vie à trépas et récupérer son seau royal.
A ces mots, il décocha une flèche, embrochant
ainsi deux des hommes perchés dans leurs arbres, rapide comme l'éclair il se
saisit d'une autre flèche. Bandit son arc, lâcha la corde aussi vite. Le bandit
suivant reçu le projectile dans le front. Il succomba avant de pouvoir fondre
sur Ertgurd.
Le nain lança sa hache vers le haut, dans la
trajectoire de quatre hommes qui s'étaient malhabilement camouflés dans un
noisetier. De cet arbre chuta un demi-brigand, un quart de brigand, un sixième
et un huitième de brigand, ainsi qu'une grosse branche et quelques noisettes.
A son tour, Uskus cloua un gros bandit à son
arbre, et un petit bandit au gros bandit. Puis après avoir demandé à Ergurd de
se mettre à l'abri, il encocha plusieurs flèches et réalisa une pluie de
flèches pour terminer le travail.
- Voilà qui fût très amusant, s'exclama l'elfe.
- Ah ça pour sûr, ajouta le nain, il faudrait
faire ça plus souvent. Bon et maintenant interrogeons-les pour savoir où est le
seau.
Uskus resta perplexe :
- Peut-être aurait-il fallu leur poser la question
avant de les tuer...
- Celui-là est encore vivant, ajouta Ertgurd,
désignant le petit brigand cloué au gros.
Après avoir interrogé gentiment ce dernier et
appris l'emplacement d'une cachette secrète, les deux aventuriers retrouvèrent le seau royal et
l'apportèrent au seigneur Unólas.
- Ça par exemple, c'est bien ça, vous l'avez
retrouvé, merci à vous nobles aventuriers je savais que votre soif de l'ordre
et votre respect de l'honneur était un atout pour cette ville, je savais que je
pou...
- Pas besoin de nous enjoliver, nous avons perdu
suffisamment de temps, une chance pour vous que nous devions nous reposer chez
vous. interrompit sèchement Uskus. Il vous faudra plus qu’un lit pour nous
remercier.
- Oui, bien sûr, cette fiole contient une potion
de détection du mal, quiconque la boit vibre d’une légère lueur bleuté à
l'approche d'une créature aux intentions purement malveillantes. Pour vous
messire nain, je n'ai que ce solide bouclier à vous offrir.
- Ça fera l'affaire Unólas, je n'avais pas de
bouclier.
Uskus avala la fiole d'un trait et la jeta contre
un mur. Elle se brisa d’un coup sec.
- Je déteste m'encombrer, ainsi je ne devrais pas
porter cette fiole, au revoir Unólas.
- Au revoir, passez une bonne nuit dans notre
ville, et faites un bon voyage.
Uskus et Ertgurd retournèrent à l'auberge, passer
une nuit de sommeil bien méritée.
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