Double Sword

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Chapitre VIII : Pureté contre désir

La lumière baillait par la fenêtre son intense filet doré, et posait sur les yeux d'Ertgurd une douce lueur matinale.

- Ahahhhhhh, gémit-il en se réveillant.

- Eh bien maître nain, il n'est pas trop tôt, les chevaux sont prêts, et nous pouvons partir de suite.

- Comment cela partir, je n'ai pas pris mon petit-déjeuner. 

- Eh bien il est trop tard pour cela, allons-y maintenant.

- Je ne partirais pas le ventre vide, à moins que l'aubergiste ne nous flanque à la porte.

À cet instant, la porte s'ouvrit violemment, un elfe d'age mûr et de corpulence importante entra dans la pièce :

- Ca y est, il est réveillé l'autre nain, avec tout ce boucan, j'ai des plaintes par-dessus la tête, j'ai plus qu'à fermer boutique. Allez ouste du vent les voyageurs.

- Je crains Ertgurd que votre profond sommeil en a réveillé plus d'un, moi compris et eu égard à votre roi, le service que je lui dois pour ma libération, vous seriez mort à l'heure qu'il est.

- Mort, s'écria Ertgurd, ramassant sa lourde hache, vous n'auriez pas approché un poil de ma barbe que votre tête cesserait de dévoiler votre sarcasme.

- Du calme, le nain, ici c'est moi qui commande, vous ne toucherez aucun elfe dans cette auberge. Vos ronflements ont déjà assez nuient à ma réputation. Je vous serais grès désormais de partir au plus vite.

- Ah vous voyez Ertgurd, je vous l'avais bien dit qu'il fallait partir, maintenant, la moitié des elfes de cette auberge a les crocs à cause de vous.

En passant la tête par la porte, Ertgurd pu effectivement voir une file indienne d'elfe prêt à en découdre avec ses ronflements.

- Vous avez de la chance que je suis intervenu à temps, tous n'avaient qu'une envie, vous foutre eux-mêmes dehors.

- Très bien très bien, je suis réveillé maintenant, ils peuvent dormir tranquillement. Apportez- moi un petit-déjeuner.

- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée, souffla Uskus.

- Il a raison, j'ai dit dehors. 

- Bon bon, on y va.

Prenant ses affaires, Ertgurd suivit Uskus et l'aubergiste. Ils passèrent par une petite porte afin d'éviter le bain de sang qu'aurait pu provoquer leur vue dans le hall de l'auberge.

 

Une demi-heure plus tard, chevauchant côte à côte, Uskus s'écria :

- Allez vous enfin cesser ce gargouillis grotesque?

- Je n'ai pas mangé, mon ventre crie vengeance et je n'y peux rien.

- Prenez un peu de ce pain de voyage.

- Du pain d'elfe, c'est immangeable.

- Oui pour vous autres, il reste néanmoins un bon aliment pour couper la faim.

- C'est bien ce que je dis, c'est tellement immangeable que la moindre bouchée vous coupe l'envie de manger. En plus c'est lourd.

- Alors faites taire votre ventre.

- Bon ok, j'en prends, mais à la première auberge nous nous arrêterons pour manger un vrai repas.

- Dans ce cas, j'en profiterais pour dormir et rattraper mes heures perdues.

- Vous êtes d'une humeur massacrante ce matin.

- Une nuit en votre compagnie massacrerait bien des humeurs, mon cher Ertgurd.

Cela continua encore quelque temps, presque quatre longues heures en fait. Car nos compères ne croisèrent que branches et feuilles mortes sur leur route. La première auberge fut un soulagement, Ertgurd put manger à sasieter et Uskus dormit un peu. Durant l'après-midi bien que leur conversation fut toujours brève, la discorde ne régnait plus entre nos deux héros.

 

 

Le soleil avait atteint l'horizon de son sommeil lorsque qu'Uskus et Ertgurd décidèrent de s'arrêter auprès d'une clairière pour y dresser un camp.

- Je vais chercher un peu de bois, tentez de dresser le campement en attendant, déclara Uskus.

- Avec ma hache, j'abats un arbre ou deux et je vous ferais du feu plus rapidement que vous en ayant épuré la clairière.

- C'est exactement ce que je cherche à éviter, agrandir la clairière n'a rien d'une bonne idée si ce n'est celle d'un niveau intellectuel primaire.

Ertgurd souleva sa hache, et se prépara à en découdre une bonne foi pour toute avec Uskus.

- Cette mission commence sérieusement à m'agacer, jouer les nounous pour elfes n'a rien d'un jeu intellectuel ou pas, et votre présence n'a d'effet sur moi que l'énervement. Cette fois-ci je me servirais de toi pour faire les tréteaux du feu de camp.

- Ah ouais, Uskus brandit son arc, et pointa la flèche juste entre les deux yeux d'Ertgurd. La pointe de celle-ci touchait le front d'Ertgurd. Tu ne pourrais pas bouger que ma flèche te transpercerait, tu n'as pas l'ombre d'une chance. Il suffit que je lâche la corde pour avoir le reste de ce qui te sert de cerveau en bouillis remplissant mon écuelle. Je t'avouerais que je ne suis pas friand de la cervelle de nain mais pour cette fois je ferais l'effort de ne pas t'injurier une nouvelle fois, à défaut te se servir elle me remplira au moins l'estomac...

Ertgurd tremblait, il savait pour l'avoir vu à l'oeuvre que l'elfe avait raison, le moindre mouvement lui serait fatal.

- Ecoute-moi bien le nain, cette mission pourrait être un plaisir pour moi autant que pour toi si ni l'un ni l'autre n'étions obligés de voyager ensemble. Malheureusement, ni toi ici dans cette forêt ni moi ne connaissons ses véritables dangers. En Dévianie, j'avais besoin de toi pour sortir du pays. En Uskulaie, c'est toi qui aura besoin de moi, pour arriver au bout. Bien que l'idée ne m'enchante pas, traverser les gorges de Sotül seul est un vrai défi, bien que j'y sois arrivé une fois, je pourrais avoir besoin d'une seconde arme à mon côté pour m'en sortir. Alors dit toi bien que je suis ton guide et que sans moi tu n'y arriveras plus seul, ne m'oblige pas à me débarrasser de toi.

- Ok l'elfe, je m'emporte peut-être un peu vite...

- Très bien dans ce cas, je vais chercher le bois et tu reste ici. Si quelqu'un connaît la forêt c'est moi, et je te garantis que couper un arbre vivant n'a rien de bon. Il faut profiter de ce que te donne la nature. 

- Très bien, je reste ici mais ne compte pas sur moi pour te monter ta tente.

- Marché conclus.

Uskus baissa son arme, rangea sa flèche dans son carquois, et se mit en quête de bois mort.

 

Seul à présent, Ertgurd s'assit un instant sur les racines d'un vieil arbre.

- Qu'est ce qu'un arbre pourrait bien me faire, les arbres sont peut-être vivants, mais ils ne bougent pas.

Il décida de monter sa tente puis fouilla dans son sac et commença à préparer le repas. Il avait pu acheter quelques provisions à l'auberge dont deux petits lapins. À défaut de plaire intellectuellement à l'elfe, celui-ci apprécierait son goût pour la cuisine.

N'ayant pas de bois pour le feu, il se rassit sur la racine en attendant Uskus. Mais il ne put s'empêcher au bout d'une heure à couper les racines de cet arbre pour commercer le souper.

 

Écartant les branches d'un saule, Uskus ramassa quelques brindilles au sol et une énorme branche.Il descendit la pente d'un talweg, et dressa l'oreille. Un doux écho lui parvenait à l'oreille. Il s'approcha de ce son aux teintes colorées. Descendant encore plus bas dans le talweg, il aperçut un ruisseau qui s'écoulait le long de celui-ci. Son eau était claire et il pouvait apercevoir le fond doré d'une roche de grès.

- Quel enchantement que cette forêt. Elle doit être ancienne à tel point que l'eau en érode son coeur. Le tintement de l'eau contre la roche est un émerveillement aux oreilles.

Il allait pour remonter la pente, quand il discerna dans le son, une mélodie, plus lointaine, plus douce encore que l'eau ruisselant sur la roche. Il décida de s'en approcher, peut être un village s'était édifié dans les profondeurs de la forêt. Peut-être même des compagnons elfiques. Au détour d'un virage, il aperçut une rivière dans laquelle ce jetait le ruisseau et plus loin un petit étang. Mais bien que la beauté de ce paysage en aurait contenté plus d'un, Uskus fut submergé par autre chose. Ou plutôt par quelqu'un d'autre. Là dans l'eau claire de l'étang se baigner une jeune elfe aux formes et aux traits aussi fin que l'eau pouvait par vision d'otique déformés l'éclat de leur beauté. 

L'elfe chantait une mélodie douce, et son corps rythmé de ses mouvements le chant comme si l'elfe jouait d'un instrument avec l'eau de l'étang. Un son si pure que Uskus sentait montait en lui le désir de chantait lui aussi.

Soudain tout se figea lorsque la jeune elfe l'aperçut au bord de l'eau.

- Ceci n'est pas un chant de ralliement. Pourquoi y as-tu répondu?

La jeune elfe sortit de l'eau, ses traits étaient encore plus beaux qu'Uskus en avaient pu imaginer malgré la déformation de l'eau.

- Je ne rallie rien gente damoiselle. Je cherchais du bois pour nous réchauffer mon compagnon et moi. Lorsque j'ai entendu votre voix, je me suis approché afin de voir si quelqu'un pouvait nous aider à retrouver notre chemin, je dois dire que nous ne savons guère où nous sommes.

- Ainsi tu n'es pas de la région, ce qui expliquerait ton teint. Elle lâcha cela tout en s'habillant. Elle noua ses cheveux à l'aide d'une pince dorée.

- À vrai dire je suis un elfe rouge des montagnes.

- Et que fait un elfe rouge en Melwindie?

- Je suis mandaté par le roi Bladdyn pour une mission secrète. Je dois voir la reine de Melwindie au plus vite.

- De plus en plus intrigant, un elfe des montagnes mandater par son ennemi juré pour parler à notre reine? Excuse-moi si je porte un doute sur les viles paroles que tu prononces. 

- Loin de moi l'idée d'importuner une personne aussi resplendissante. Je vous l'ai dit ma mission est secrète, je ne peux en dire plus.

- Eh bien passe ton chemin, je ne suis pas là pour t'aider.

- Nos deux nations sont alliées, peut-être peux-tu au moins m'indiquer ma route.

- Je ne porte pas les elfes rouges dans mon coeur, vous pactisez avec les êtres maléfiques d'Adralie. Je n'ai rien à voir avec cette façon de penser qu'à ma soeur et la reine sur l'alliance de nos deux provinces.

- Ainsi vous êtes proches de la reine.

- Tous les elfes de Melwindie le sont.

- Laissez-moi en douter à mon tour, vous avez prononcé le mot ralliement en me voyant. Vous êtes une chanteuse de ralliement n'est-ce pas. Autrement dit vous connaissez la reine plus que les autres elfes pour avoir été choisie comme tel.

- Vous êtes perspicaces. Mais cela ne me fera pas changé d'avis.

- Ecoutez, je ne peux vous dire exactement ce qui se passe mais peut-être avez-vous déjà-vu deux autres messagers en provenance de Dévianie. Ils ont eu un message de la part du roi Bladdyn qui souhaite rallier toutes les provinces contre Adralie, ou plus précisément contre le sorcier noir.

Uskus ne pouvait s'empêcher de dévoiler la vérité, il ramena ses mains à sa bouche.

- Ainsi tu es un nouveau messager. 

- Votre beauté m'a ensorcelé, je ne peux pas m'empêcher de parler...

- C'est l'un de mes charmes effectivement. Quant aux premiers messagers, je n'en ai point vu. Quel est ton nom?

- Uskus Ktaïad, Mademoiselle, pour vous servir.

- Je me nomme Elonia Tyr Eldona. Je suis en effet, barde pour le compte de la reine, si ce que tu dis est vrai alors nous n'avons pas de temps à perdre. Après tout vous êtes aussi bien nos alliés que Dévianie, si nos deux alliés se rencontrent pour nous aider alors pourquoi pas. Mais je te préviens, au moindre faux-pas, piége ou autre tromperie, je chanterais jusqu'à ce que toute la forêt se soulève pour te regretter tes viles paroles.

- Je me porte garant de mes actes.

- Très bien, allons voir ton compagnon, ouvre la route.

Uskus et Elonia remontèrent le talweg, et atteignirent les abords de la clairière lorsqu'un juron se fit entendre. Ils pressèrent le pas : là devant eux Ertgurd jouait des pieds et des mains pour se libérer d'une énorme branche qui l'avait soulevée du sol d'au moins 6 pieds.

- Lâche-moi, satané tas de bois, où je te découpe en saucisson !!!

Le sylvin le tenait fermement et le secouer dans tous les sens.

- Tu aurais dû écouter l'elfe, maintenant que tu as attaqué la forêt la forêt se réveille.

- Un tas de bois qui parle, que Bladdyn m'en soit témoin, si tu ne me lâche pas tu regretteras de t'être réveillé. Ertgurd balança sa hache en direction de l'oeil du sylvin. Mais celui-ci souffla tellement fort que le corps d'Ertgurd se plia comme un roseau, il lâcha sa hache pour ne pas se briser en deux.

- Ectona Inos, hurla Elonia. Le sylvin cessa de souffler aussitôt les paroles d'Elonia prononcé. Est-ce lui votre compagnon? 

Uskus du se retenir de nier les faits.

- Oui c'est lui, vous m'envoyez désolé, mais je l'avais interdit de toucher aux arbres vivants.

- Il a violé le droit de la nature, il doit être puni. Le sylvin ne le lâchera plus jusqu'à ce que son sang lui est monté à la tête. 

Retenu par les pieds Ertgurd, semblait déjà sombrer dans le comas, ses propos acerbes s'atténuaient déjà.

- Il faut le libérer, j'ai besoin de lui, il est mon garant quant aux dires de Bladdyn auprès du roi Maar. Ne pouvez-vous pas faire quelque chose.

- Non, si je tente de le libérer je violerai moi aussi les lois de Melwindie, la forêt ancienne ne peut pas être traitée comme n'importe quel bois.

- Très bien alors moi je vais m'en occuper, Uskus sortit son arc et commença à bander la corde, quand il sentit sur son bras les mains d'Elonia.

- Non, jeune inconscient, ne fais rien qui réveille à nouveau le sylvin, laisse-le s'endormir de nouveau, il finira par desserrer ses branches.

- Ertgurd aura le cerveau rempli avant cela, bien que je conçoive que cela lui serait utile, je ne peux pas laisser faire cela.

- Attends un instant, je vais tenter de calmer le sylvin.

Elonia entonna un chant mélodieux et doux, uskus lui-même se sentit partir dans des rêves où seul le vent semblait être une gêne agréable. Il portait avec lui le chant d'Elonia pour le mener plus loin et plus haut dans le ciel. Il sentit la pureté de son âme s'élevait jusqu'à ce qu'un bruit sourd se fît entendre. Le sylvin avait lâché Ertgurd et s'était rendormi. Ertgurd se releva tant bien que mal et salua Elonia.

- Merci à vous, Ertgurd, je suis votre débiteur.

- Mon seul souhait est que vous ne fassiez plus rien qui soit à l'encontre de la nature. Je vais expier ma faute durant de long mois pour vous avoir sauvé.

 - Je vous en serais reconnaissant toute ma vie durant.

- Ertgurd, je te présente Elonia. Elle est barde de la Reine de Melwindie. Elle va nous conduire auprès d'elle.

- Pourquoi passons nous par le château de Melwindie? Nous ne devons pas interférer avec les autres messagers.

- Apparemment aucun d'eux n'est arrivé, peut être ont-ils fait la même erreur que toi, il est donc de notre devoir de prévenir Melwindie au même titre que Uskulaie.

- Très bien, nous vous suivons...




18/05/2007
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